Que dire ?

Cinéma hors capital(e) Numéro 0     

Cette petite publication, 40 pages, format 13x18, a paru au moment où les films du collectif Film flamme-Polygone étoilé sont sélectionnés (et primés !) par les plus grands festivals internationaux alors que leur réalisation était peu soutenue… Ce numéro est aujourd'hui offert à tous les acheteurs des numéros suivants, il a permis quelques essais en vue de la collection à venir.

« Est venu le moment où… Au début on parlait de social, on parlait d’atelier avec le public… de quartier… d’urbain, de voisinage… Tout va bien là, parce que tout le monde sait que ça va mal… Est venu le moment où nous avons parlé de création cinématographique. Mais sans transition, comme ça, dans la même phrase… Du coq à l’âne. Sans changer de chemise… Nous étions au four, accompagnant des voisins à l’assemblage en 16 mm ou au moulin à écrire des dossiers de cinéma de papier… Nous étions à souder des banquettes à partir des poubelles d’une institution culturelle fameuse ou à ferrailler sévère avec des cinéastes italiens, ou belges, allemands, algériens… Et en bande. Le bien entendu grince bientôt comme une vieille porte. En bande et à Marseille. Le mal entendu émerge quand tu résidences pas où on t’assigne. On avait choisi la proximité de la République. Rue devenue célèbre grâce à des fonds de pension et des habitants pas avares de combat. Notre salle de cinéma de quartier est devenue aussi cinéma pas de quartier. Y’a des biotopes comme ça, qui fabriquent des espèces… Une école de cinéma devrait pas être une école de commerce. Avec nos voisins du quartier de la Joliette, on a exploré des solutions…

Les films sont venus de loin. Flacky et camarades tiré des mines de charbon et des ateliers cinéma du Nord… La maison de Mariata tiré des va-et-vient VHS de migrations comoriennes sans écriture… Lettre à la prison tiré de l’oubli et du rejet politique/artistique… Ho tiré des fractures de la colonisation du Vietnam et de la langue… Tous longs métrages sans compromis, venus au jour sans l’aide du CNC ni du ministère de la culture. En 35 mm. Qui « sortent en salle » l’un après l’autre… et en désordre. En refus radical et heureux du système de « conformatage » d’une économie vassalisée par la TV, vacillante et agressive. Servie par une armée de sous-prolétaires du préachat, en jeans et veston. Des films venus de plus loin encore si c’est possible : de l’expérimentation vidéo analogique et numérique… »

Auteurs : Kiyé Simon Luang et Jean-François Neplaz | Avril 2010 | Format : 13x18cm, 40 pages, 4 ill. NB.