Il y a du Jacques Tati dans la légèreté, le décalage et la modestie des danseurs de la compagnie Ex Nihilo. Nul mieux qu’eux incarnent l’esprit des lieux où qu’ils soient situés, avec poésie, engagement et humanité.
Friches, parkings, corniches, lieux inhabités et brisures de ville, buildings et ruelles, passages ou marchés, leur manière d’être à la danse s’exprime dans une relation vive avec le paysage, donne à ressentir le mouvement dans ce qui paraît inerte.
Leurs trajectoires fabriquent du vide là où il y a de l’encombrement, tracent des lignes d’horizon dans les espaces saturés, font surgir du rêve là où tout est vacuité. Leur danse donne naissance aux images, suscite du silence dans le brouhaha, fait apparaître ce qui apparemment ne se voit pas. Une danse calligraphe qui colorise le paysage le plus gris, qui poétise le plus inhospitalier, qui relie ce qui est défait dans nos mondes modernes.
Martine Derain propose un ouvrage qui donne au lecteur la place du spectateur, les danseurs redessinent l’espace urbain sous nos yeux, corps libres dans la ville, engagés dans ses moindres aspérités, un livre comme un film. Clap !
Claudine Dussollier [auteur, éditrice, géographe]
Dessins de Jean-Antoine Bigot [danseur et chorégraphe]
Pour le trouver ou le commander, c'est ici !
Compagnie Ex Nihilo/Apparemment ce qui ne se voit pas 312 pages couleur, format 16,5x20cm à l'italienne, reliure apparente / 135 photographies, 19 dessins. Textes en français et en anglais [Anne le Batard et Jean-Antoine Bigot, Claudine Dussollier, Michel Kelemenis, Alexis Pelletier, Laurence Rebouillon, Emmanuel Sérafini, Jean-Sébastien Steil] ISBN : 979-10-91248-06-8 / Prix 25 € + frais de port 7 €
There is something like Jacques Tati’s lightness, eccentricity and modesty in Ex Nihilo dancers. No-one embodies better than they do the spirit of the places — wherever they are, with poetry, commitment and humanity. Brownfield sites, parking lots, ledges, uninhabited places and fragments of cities, buildings and alleys, passages or markets — their way of being in dance is expressed through a flowing relationship with the landscape, making us experience movement in what appears to be without life.
Their trajectories form space where there is congestion, open up horizons in crowded areas and create dreams whereeverything is emptiness. Their dance gives rise to images, produces silence amid the hubbub, and reveals what apparently cannot be seen. Their calligraphic dancing which gives colour to the greyest landscape creates poetry from the most inhospitable and draws together what is unconnected in our modern worlds.
Martine Derain presents a book that gives the reader the role of the spectator: the dancers reshape urban space before our eyes, free-moving bodies in the city, engaged with the smallest nooks and crannies — a book which reads like a film.
Claudine Dussollier [auteur, éditrice, géographe]